L'histoire de l'île

Arawaks et Caraïbes

C’est au cours de son second voyage (fin 1493) que Christophe Colomb découvre les Petites Antilles, en premier lieu la Dominique et certaines des îles de l’archipel guadeloupéen. Les Petites Antilles n’étaient point inhabitées : au moins deux vagues de peuplement en provenance du nord-est de l’Amérique du Sud (région de l’Orénoque, côte du Venezuela) s’étaient succédé depuis les débuts de l’ère chrétienne.

On désigne les populations d’Amérique Centrale, d’Amérique du Sud et des Antilles, par le terme Amérindien.

Les fouilles archéologiques permettent d’attester d’une présence humaine dans les Petites Antilles, environ 2000 ans avant notre ère. Ce n’est alors qu’une occupation temporaire (nomade).

 A partir du 1er siècle avant J.-C., des peuples s’installent. Le groupe principal est désigné par le terme Arawak. Ces peuples auraient occupé les Petites et les Grandes Antilles.

Aux environs de 900 après J.-C., des groupes nouveaux apparaissent. Le groupe principal est nommé Kalina ou caraïbe. On trouve la trace de ces peuples depuis les

Petites Antilles jusqu’à Porto-Rico. Les Amérindiens sont des chasseurs, des pêcheurs et des agriculteurs. Ils utilisent pour ces activités un outillage qui ignore le fer. Pierres, bois fossilisés, os d’animaux, minéraux, coquillages sont employés comme outils. Ce travail de taille est une activité essentiellement masculine.

Les Améridiens

Les Amérindiens des Petites Antilles sont appelés « peuple de la civilisation du manioc amer ». Ils pratiquent l’agriculture sur brûlis. A partir du manioc, ils préparent une galette cuite sur une large platine : la cassave. Avec le suc du manioc amer, qui perd sa toxicité à la cuisson, ils fabriquent une sauce à base de piments appelée l’ignari. Enfin, ils préparent avec les galettes de manioc et de l’eau, une boisson fermentée : le ouicou. Les Amérindiens vivent à proximité des côtes et des rivières. Ils pêchent à la nasse, au harpon, à l’arc. Poissons, crabes, lamantins, tortues, entrent dans leur bol alimentaire.

De la colonisation à l’abolition de l’esclavage

Choc des mondes et traite négrière

En 1502, Christophe Colomb reconnaît une île du nom de Iouanacaëra-Matinino, habitée par les Kalinas.

Guerres, épidémies, mauvais traitements, et la rencontre devient un choc. En effet, il ne faudra que cent soixante ans aux Européens pour écarter, de la Martinique, la population caraïbe.

Une expédition française conduite par Pierre Belain d’Esnambuc débarque à la Martinique au début de septembre 1635.

Au lieu de son débarquement, il construit le fort Saint-Pierre, origine de la ville de Saint-Pierre.L’implantation des Français ne se fait pas sans conflits et les Espagnols de Porto Rico essaient de détruire la colonie de Saint-Christophe(lieu de ralliement des troupes françaises).

Mais, surtout, l’opposition des Caraïbes, inquiets de voir les Européens s’installer de plus en plus nombreux dans l’ île, provoque des guerres sans merci. Celle qui éclate en 1635-1636 à la Martinique aboutit à un accord qui laisse aux Caraïbes la partie orientale de l’île, la Cabesterre. Enfin, en 1654, la guerre se rallume à la Martinique : les colons veulent en particulier supprimer le refuge que constitue la Cabesterre pour les nègres marrons ( esclaves en fuite).

En 1658, une expédition à la fois terrestre et maritime se termine par la conquête de la Cabesterre. Toutefois, quelques groupes de Caraïbes subsistent dans le sud de la Martinique.

Organisation et administration de 1625 à 1664

La colonisation est d’abord confiée à une « compagnie », c’est-à-dire à une société qui reçoit du roi l’autorisation de coloniser les îles : c’est la Compagnie de Saint-Christophe, créée en 1626, qui devient en février 1635 la Compagnie des îles de l’Amérique.

Le roi Louis XIII, représenté par le cardinal de Richelieu, exige des associés certains engagements : conversion des caraïbes au catholicisme, introduction dans les îles d’un certain nombre de colons ; en contrepartie, la Compagnie est chargée de l’administration et de la défense de des îles françaises. De 1650 à 1664, c’est la période des seigneurs propriétaires.

Du Parquet devient seigneur de la Martinique, de la Grenade et des Grenadines (îlots au nord de la Grenade).

Mais l’autorité des seigneurs propriétaires est mal établie. Du Parquet meurt en janvier 1658. L’autorité de ses parents et successeurs (sa veuve puis son beau-frère Dyel de Vaudrocques) est mal supportée par les « habitants ». Ces crises d’autorité et surtout le désir de mieux contrôler le commerce des îles, qui se faisait en partie avec les Hollandais, amènent le gouvernement de Louis XIV à mettre fin au régime des seigneurs propriétaires qui faisaient des îles autant d’États presque indépendants.

En 1664, les îles sont confiées à une nouvelle Compagnie, celle des Indes Occidentales.

Le développement de l’esclavage et le Code Noir

Histoire-Martinique-2-

Les esclaves qui constituent l’essentiel de la main-d’œuvre sont surtout amenés d’Afrique.

La traite est d’abord réservée à des compagnies (dites du Sénégal ou de Guinée, selon les régions sur les côtes desquelles elles opèrent). Mais en raison de l’insuffisance de ces compagnies, il faut laisser des commerçants français indépendants libres de se livrer à la traite. En dépit des instructions royales interdisant le « commerce étranger », les Hollandais contribuent aussi à la fourniture d’esclaves.

Pour résoudre les problèmes posés par le nombre croissant des esclaves (surtout africains), le gouvernement royal promulgue en 1685 une ordonnance connue sous le nom de « Code Noir », mais son titre exact est « Édit du Roi.., pour la discipline de l’Église… et pour ce qui concerne l’état et la qualité des Nègres dans les îles françaises de l’Amérique ».

Le Code Noir prévoit la christianisation des esclaves (art. 2,4,6). Il définit les obligations des maîtres en ce qui concerne la nourriture et le vêtement des esclaves (art. 22,25). Il est surtout soucieux de sécurité publique : les rassemblements d’esclaves sont prohibés, les esclaves fugitifs châtiés sévèrement.

Le Code Noir traite aussi des affranchis. L’enfant né d’une mère esclave est esclave. Mais, le maître s’il est majeur (20 ans) peut affranchir un esclave sans autorisation administrative. Les affranchis sont considérés comme égaux des sujets, nés libres, du roi. Leur seule obligation est de porter « un respect singulier » à leurs anciens maîtres.

Le développement de l’économie de plantation

La principale culture reste celle de la canne à sucre qui gagne de nouveaux espaces. On la pratique dans le cadre de vastes exploitations agricoles, généralement d’une centaine d’hectares, qu’on appelle des « habitations ».

Cette prédomInance n’exclut pas d’autres cultures. Ainsi celle du caféier est introduite à la Martinique entre 1720 et 1723 par un officier, des Clieux (ou de Clieu). Elle se développe dans la région de la Cabesterre de la Martinique, où elle se substitue au cacao.

Sur une « habitation », une partie des terrains est laissée en savane pour le pâturage des animaux de trait. En général un tiers de la superficie est cultivée en canne.

Les champs sont formés de parcelles géométriques, les carrés, correspondants à peu près à un hectare. A la limite de l’habitation, dans les parties les plus élevées, se trouvent des jardins cultivés . Au voisinage de la maison du maître, s’élèvent les cases des esclaves et divers bâtiments d’exploitation (le moulin, la sucrerie, la purgerie, la vinaigrerie)

Guerres et révolutions

A partir de la seconde moitié du XVIIème siècle jusqu’à l’abolition de l’esclage en 1848, la Martinique connaîtra des périodes d’agitation, marquées par des affrontements incessants.

Au XVIIIe siècle, la Martinique continue d’être un des enjeux de la politique internationale

Les guerres mettent aux prises Français, Espagnols et Anglais. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la Martinique avait subi des attaques : – Attaque des Néerlandais, qui, en 1674, tentent de s’emparer du Fort-Royal, attaque infructueuse. – Lors de la guerre de Sept Ans, les Anglais occupent l’île, attaquée en janvier 1762 (capitulation à la mi-février).

Un an plus tard, elle sera restituée à la France au traité de Paris.

La Martinique vit avec intensité les débuts de la période révolutionnaire

Dès la fin d’août 1789, quelques agitations, peut-être inspirée par des « patriotes » (partisans de la Révolution) blancs, se produit parmi les groupes d’esclaves ou de Noirs libres de Saint-Pierre. Mais c’est surtout l’opposition entre, d’une part, les planteurs soucieux de se libérer de la tutelle financière de Saint-Pierre et d’autre part, les commerçants de la capitale, qui marque cette période révolutionnaire.

Les planteurs triompheront à la bataille de l’Acajou, le 25 septembre 1790. En 1794, la Martinique est à nouveau attaquée par les Anglais. Donatien Rochambeau, commandant des îles françaises du Vent et partisan d’une politique républicaine, doit capituler le 25 mars 1794.

De 1794 à 1802, l’île reste sous l’occupation anglaise, et de ce fait, l’abolition del’ esclavage, décidée par la Convention en février 1794, ne s’y applique pas.

En 1802, la Martinique est restituée à la France.

Vers l’abolition de l’esclavage

L’histoire de la Martinique, entre 1815 et 1848, est marquée par une série d’événements qui témoignent des difficultés d’un régime esclavagiste, fondé aussi sur la discrimination à l’égard des libres de couleur. Par ailleurs, le nombre d’esclaves se maintient ou n’augmente que par les apports de la traite : car la mortalité est considérable (en particulier la mortalité infantile : sur une plantation de la Martinique, étudiée sur une période de seize années, il meurt 29 enfants sur 58). Aussi, sur une même plantation, on rencontre à la fois des esclaves créoles et des Noirs nouvellement introduits d’Afrique, qu’on appelle parfois des « bossales ». Complots et insurrections témoignent, à partir de 1803, du mécontentement croissant des hommes de couleur libres et des esclaves.

La ville de Saint- Pierre, par son importance, ses contacts avec le monde extérieur, constitue un milieu propice à la fermentation sociale et politique. Révoltes et troubles se produisent dans la ville ou aux environs : – Sous l’occupation anglaise, un complot est organisé par le mulâtre Molière, complot groupant des libres et des esclaves de la région de Saint-Pierre.

Dans la nuit du 13 octobre 1822, des esclaves de la région du Carbet se soulèvent. Plus de vingt esclaves sont exécutés.

Fin 1823, début 1824, c’est l’affaire de la « Pétition des hommes de couleur »

Le général Donzelot, veut voir dans la diffusion de cette brochure, imprimée en France, la manifestation d’un complot. Des hommes de couleur libres sont arrêtés et trois d’entre eux, Bissette, Fabien, Volny, condamnés aux galères à perpétuité par la cour royale de la Martinique (12 janvier 1824). L’émotion suscitée en France par ce procès amène l’annulation de la sentence. Les accusés sont à nouveau jugés, Bissette seul est condamné (à dix années de bannissement des colonies françaises). Les 9 et 10 février 1831, une insurrection d’esclaves éclate aux environs de Saint-Pierre. L’action des milices de blancs et d’hommes de couleur permet d’en venir à bout.

L’abolition de l’esclavage

En métropole, le courant des partisans de l’émancipation immédiate obtient du gouvernement provisoire la création d’une commission « chargée de préparer l’émancipation des esclaves de toutes les colonies de la République » (4 mars 1848).

Sont membres de cette commission : Victor Schœlcher, président, Perrinon, homme de couleur de la Martinique, officier d’artillerie, Gâtine, avocat des hommes de couleur dans l’affaire de la Grande Anse.

Avant même que ne soit connue l’abolition officielle de l’esclavage (décret du 27 avril 1848), la nouvelle de la révolution a provoqué une vive effervescence aux Antilles.

A la Martinique, le 22 mai 1848, de graves émeutes éclatent à Saint-Pierre et le gouverneur Rostoland décide d’abolir l’esclavage.

source : www.region-martinique.mq

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